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Corriger un roman en 4 temps, 8 mouvements – Le troisième jet

Publié par Kanata le 17 juillet 2011
Ceci est l'article 4 sur 6 de la série Corriger un roman en 4 temps, 8 mouvements

Bon, ça y est ? L’histoire fait du sens, tous les éléments collent ? Bien sûr vous aurez eu à cœur de vérifier la force et la psychologie de vos personnages, portent-ils bien le récit ? Alors assez logiquement, après le fond il faut maintenant se pencher sur la forme. Cet article sera un peu long, il y a beaucoup à dire. 😉

Mais tout comme la série d’articles de conception, je vous concocterai une fiche récapitulative condensée. Ce n’est pas par altruisme, je mets juste mes outils de travail à jour. 😛

 

La phase de réécriture corrective de la forme

Tout comme pour le fond, revenons un instant sur la définition du concept de « forme » : la FORME est un peu le contraire du fond. Dans un roman elle regroupe tout ce qui a trait à la syntaxe. À l’opposé du fond, la forme est donc majoritairement objective (je rassure les artistes, il vous reste du champ libre en ce qui concerne « le style »). Les règles et références en sont nombreuses. Sa correction est la marque d’un auteur qui maîtrise ses outils. – ou à défaut qui saurait s’entourer de collaborateurs capables de le corriger convenablement, n’est-ce pas Nikos ?

La forme :

« Les moyens techniques mis en œuvre pour transmettre les idées (le fond) »

  • Forme « stylistique »
    • Le genre du texte
    • Le type de vocabulaire & champs lexicaux
    • La structure de l’ensemble ou des parties
    • Les figures stylistiques & syntaxiques
    • Le rythme & la tonalité
  • Forme « technique »
    • La typographie
    • La ponctuation
    • La conjugaison des verbes
    • La grammaire
    • L’orthographe
    • etc.

Si le style est bien évidemment subjectif et à votre entière discrétion, je ne saurais résister à l’envie de vous mettre en garde. C’est un mirage qui attire beaucoup d’auteurs débutants. Dans le contexte du roman de fiction, le plus important est le FOND, puis la FORME « TECHNIQUE » et en dernier la forme stylistique… Autrement dit : avant de « trouver votre voix », assurez-vous de savoir raconter des histoires clairement et proprement. Après tout, un peintre, avant de choisir son école de peinture, se doit de maîtriser sa toile, ses pinceaux, sa gouache, ses mélanges, ses couches et sous-couches… Un musicien se frotte au solfège, la pratique de son instrument et aux répétitions avant de choisir le style de ses solos endiablés… Pourquoi serait-ce différent pour un auteur ? Lire la suite de cet article »

Corriger un roman en 4 temps, 8 mouvements – Le deuxième jet

Publié par Kanata le 12 juillet 2011
Ceci est l'article 3 sur 6 de la série Corriger un roman en 4 temps, 8 mouvements

Pour ceux qui suivent ce blog, vous aurez sans doute noté que je ne suis pas du genre à prendre ouvertement parti sur des sujets polémiques, je reste plutôt neutre. Je revendique ce droit. D’une part nous sommes sur des sujets d’ordre artistiques et je trouve naturel de ne pas avoir des avis tranchés à la hache, d’autre part, je suis un gars très ouvert d’esprit dans la vie courante. Dans cet article vous me verrez sous un nouveau jour. Je vais prendre parti, et pas qu’un peu ! Après tout, dans les lignes qui suivent, nous allons vraiment toucher le fond…

 

La phase de réécriture corrective du fond

Il est peut-être nécessaire de revenir sur des concepts de base : le FOND, c’est quoi ? Dans un roman, le « fond » regroupe tout ce qui a trait au récit lui-même, à l’histoire. Évidemment le degré d’objectivité est plutôt réduit puisque l’on est dans l’ordre des idées. Il reste cependant quelques aspects 100% objectifs concernant le fond, et qu’il est CAPITAL de corriger – n’est-ce pas Nikos ?

Le fond :

« Ce qui constitue le contenu, la matière, l’essence d’une œuvre, s’opposant à la forme. »
« L’idée et les thèmes que l’auteur développe dans son texte »

  • Le sujet du texte, son propos
  • Les idées / thèmes principaux et secondaires qui y sont développées
  • Les images fortes (symboles, archétypes, stéréotypes) qu’il véhicule
  • Les préoccupations idéologiques et esthétiques
  • La représentation de « l’univers » créé par l’auteur (monde / époque)
  • La cohérence du récit
  • La crédibilité des personnages et de leurs actions
  • etc.

Comme discuté au début de cette série d’articles, je ne vise qu’à mettre en évidence la correction des points objectifs. En ce qui concerne le fond, ils sont mis en évidences dans la liste ci-dessus.

Exemples : Lire la suite de cet article »

Corriger un roman en 4 temps, 8 mouvements – Le premier jet

Publié par Kanata le 9 juillet 2011
Ceci est l'article 2 sur 6 de la série Corriger un roman en 4 temps, 8 mouvements

Bas les masques, appelons un chat un chat et faisons fi des titres aguicheurs. Le « 4 temps, 8 mouvements » correspond à 4 jets en 8 phases. Bien évidemment ceci n’est que le résultat de ma propre expérience, libre à vous d’organiser vos corrections et réécritures comme vous le voulez. Ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité. Du moment que vous passez à travers les bases objectives minimales, la manière dont vous le faites ne regarde que vous. Penchons-nous sans plus tarder sur ce “premier jet” – la grande spécialité de Nikos, je tenais à le préciser.

 

La phase d’écriture

Elle est hautement personnelle et il s’agit bien entendu de votre domaine. Libre à vous d’écrire comme vous le sentez, du moment que cela marche, tous les coups sont permis. Quelques conseils :

Choisissez vos armes :

 

Pour Contre
 La plume (Papier/crayon) 
 • Versatile et flexible, à moins d’être sous l’eau on peut l’utiliser n’importe où.
• Pas d’apprentissage particulier (si vous avez fini au moins le cycle du primaire)
• Peu encombrant et léger à transporter (si vous utilisez des petits calepins)
• Ne tombe pas en panne (attention à l’encre tout de même)
• Intuitif (facile de gribouiller un plan ou un dessin en marge) • Impossible de partager à moins d’avoir la calligraphie d’un moine tibétain.
 • Difficile à dupliquer, du coup la perte ou la dégradation sont catastrophiques
• Fragile
• Corrections fastidieuses (ratures, surcharge…)
• Volumineux à stocker au final
 La machine à écrire 
 • Propre et lisible
• Correction de saisie aisée (on parle bien de machines modernes ici, tout de même…)
• Duplication facilitée (multi-impression, sauvegarde intégrée de la saisie, photocopies par paquets)
• Simple à utiliser
 • Peu flexible (nécessite de l’électricité, du papier, des rubans, une surface plane…)
• Lourd et encombrant (même en version « portable »)
• Tombe en panne
• Nécessite d’apprendre à taper à la machine
• Partage limité à la copie physique
• Corrections post-saisie fastidieuses
 Le traitement de texte 
 • Propre et lisible
• Corrections aisées
• Duplication illimitée
• Partage simplifié (email, ebook, Internet)
• Robuste (pour peu que vous sauvegardiez vos fichiers)
• Outils intégrés (correcteurs, dictionnaires)
• Mise en page simplifiée et totalement modifiable
 • Encombrement (même avec un portable on parle alimentation, souris, sacoche…)
• Tombe en panne et bug
• Nécessite d’apprendre à taper à la machine et le fonctionnement de base d’un ordinateur
• Usage en extérieur difficile (même avec un bon portable)

 

Soyons honnêtes et brisons le cliché du poète grattant sa plume sous la lueur blême d’une bougie, ou du romancier de polar penché sur sa machine à écrire le soir à la lumière d’une lampe de bureau. Nous sommes au XXIe siècle, si vous comptez faire autre chose de vos écrits que de les collectionner dans votre tiroir, vous devrez forcement passer à un moment où un autre par une saisie sur traitement de texte. Le cas de la “reconnaissance vocale” (soulevé par Nicolas Kempf en commentaire) est particulier. Il s’agit en fait de remplacer le clavier par un micro. Le module retranscrit votre voix en texte, mais au final vous êtes toujours dans un traitement de texte. Cette technologie demande beaucoup d’apprentissage (celui du programme pour une fois, pas le vôtre) pour reconnaître vos intonations, votre phrasé, votre accent. Efficace en anglais, il l’est malheureusement beaucoup moins en français (prix à payer d’une langue riche en phonèmes et grammaticalement plus complexe). Si j’ai joué un peu avec cet outil (Dragon Natural Speaking étant le meilleur moteur de reconnaissance que j’ai trouvé), son usage pratique est resté limité à piloter l’ordinateur avec des ordres simples et éventuellement sortir des lettres types et des listes. Dès que l’on s’oriente vers du littéraire… cela devient rapidement fastidieux et contre-productif, du moins pour moi, mais je vous laisse seuls juges si vous voulez vous lancer. (mon conseil: la qualité du micro est primordiale, ne faites pas ça avec une webcam, investissez dans un vrai microphone dédié). 

Personnellement je suis un hybride papier / traitement de texte à forte tendance numérique. Mon outil de prédilection est donc le traitement de texte (MS Word 2010)  et je privilégie la saisie directe. Cependant, j’ai toujours un petit calepin dans la poche pour noter un dialogue ou une idée à l’improviste. De plus, un cahier ne quitte jamais mon sac pour développer un passage lorsque je suis coupé de mes outils habituels (aéroport, avions, trains, bateaux… bref en transport la plupart du temps). Mais je hais viscéralement recopier mes écrits, c’est une pure perte de temps pour moi, je n’arrive pas à en profiter pour faire un passage correctif en le faisant et je bougonne à déchiffrer mon écriture et passer des heures à « copier » au lieu de créer… Le papier n’est donc qu’un palliatif lorsque je n’ai pas d’autre choix (après tout, mieux vaut gratter + recopier que ne pas écrire du tout). C’est aussi un compagnon pour le gribouillage rapide d’un plan ou d’un croquis.

Chacun sa technique :

Même avec l’arme adéquate, chacun peut développer une technique de combat différente. J’en utilise moi-même plusieurs, et j’ai rencontré des auteurs qui en utilisent bien d’autres. En fait, on trouve vraiment tout et son contraire en terme de techniques pour écrire, je vous en livre quelques-unes ici (n’hésitez pas à compléter avec vos petites manies). Lire la suite de cet article »

Corriger un roman en 4 temps, 8 mouvements – Jusqu’où corriger son texte ?

Publié par Kanata le 6 juillet 2011
Ceci est l'article 1 sur 6 de la série Corriger un roman en 4 temps, 8 mouvements

Dans une série précédente,  j’ai illustré la phase de conception du roman. Aujourd’hui je vous propose de faire un bond dans le temps et de passer à la phase de correction – après tout, entre les deux, je ne peux rien pour vous 😉 –. La série devrait être bouclée en 6 articles avec un déroulement de ce genre :

  • Cette intro
  • Les 4 « temps » détaillés (avec leurs 8 « mouvements »)
  • La conclusion

Mais pour le moment, petite question pour vous :

Jusqu’où corriger son texte ?

Si vous êtes de ceux qui pensent : « Jamais ! Mon premier jet est final et les correcteurs se chargeront des menus fautes et coquilles pendant que je planche sur mon prochain chef d’œuvre » – Nikos ? Sors de ce corps ! –… Merci d’être venu, vous pouvez passer votre chemin – et probablement supprimer ce blog de vos favoris.

Par contre, si en lisant le titre de cet article vous avez eu une ou plusieurs des réactions suivantes…

  • Vous avez levé les yeux au ciel dans un souffle déprimé en laissant retomber vos épaules de deux crans
  • Vous n’avez pas pu retenir un petit rictus narquois – car vous venez vous-même de finir vos corrections, hein ? C’est ça ?
  • Vous êtes pris d’une soudaine crise d’urticaire
  • Vous avez remis le manuscrit qui trônait fièrement sur votre bureau depuis une semaine, dans son tiroir, sans même l’ouvrir, et êtes parti massacrer la manette de votre console de jeux
  • Vous avez fondu en larmes en susurrant « Pourquoi tant de désarrois, oh monde cruel ? Cette tâche, n’en verrais-je point le bout du tunnel ? » – ou plus prosaïquement « putain, j’en peux plus ! »
  • Par pur réflexe, vous avez sorti un crucifix, un pieu et une gousse d’ail – pardon, je voulais dire un Bescherelle, un dico et une gomme.

… alors bienvenue à bord :-p Lire la suite de cet article »

Structural vs. Scriptural

Publié par Kanata le 24 juin 2011

 

La diffusion de ma série d’articles sur la conception de romans a aiguisé quelques débats sur divers forums. Je me suis ainsi rendu compte qu’il y avait deux grandes catégories d’auteurs : les structuraux et les scripturaux.

La majorité des discussions ont mis en valeur que la plupart puisent un peu des deux bords, dans des proportions différentes, certes, mais qui permettent à chacun de trouver son point d’équilibre en fonction de ses affinités premières. Je fais moi-même partie de cette catégorie, avec, je dirais, 55/45 en faveur de la structure. En y réfléchissant bien, cela me parait être une approche et une marque d’ouverture d’esprit assez logique pour un auteur, particulièrement un romancier.

Il y a cependant toujours des extrémistes, et choses étranges, pour le moment du moins, ils semblent tous être du même bord : les scripturaux !

En effet, si tous les structuraux, même acharnés, s’accordent à dire que plans, fiches et structures ne sont finalement pour eux que des outils pour les aider à mieux créer. Les plus virulents des scripturaux sont quant à eux beaucoup plus prompts à repousser « l’ennemi » structural pour protéger leur carré de verdure. Lire la suite de cet article »