Je n’ai qu’un conseil à vous donner, une fois n’est pas coutume : ne faites pas ce que j’écris, faites ce que je fais…
Pour «forfait illimité* », je ne suis retourné à cette méthode qu’à la moitié du récit. Pour «Marqueur 26 », un bon quart existait déjà sous forme de roman-feuilleton avant que je ne décide de le convertir en roman et ne commence à gribouiller ma petite phrase de l’étape 1.
Je ne passe pas forcément le temps indiqué pour chaque étape, j’en « bâcle » même quelques-unes. Allez-y, butinez, grappillez ce qui vous est le plus utile. Je ne vois que 2 raisons de « suivre religieusement » les étapes :
- C’est votre premier projet de roman. Évidemment si vous passez du court métrage (la nouvelle ou le poème) au long métrage (le roman), ou si c’est tout simplement votre première incartade dans l’écriture, dans ce cas les gardes fous vous seront d’autant plus utiles.
- Vous êtes perdu… Que ce soit parce que vous n’avez plus écrit depuis longtemps, ou parce que vous n’êtes plus au centre de cette zone de création qui vous guide habituellement, le doute peut vous faire renoncer… Dans ce cas, vous focaliser sur la méthode peut être le rocher salvateur dans la tempête, le moyen de tenir en attendant une accalmie.
Le tiercé gagnant
Comme pour les courses de chevaux, il y avait 10 étapes au départ, je vous livre ici mon tiercé gagnant :
- Le plan => C’est mon outil principal durant l’écriture, il me permet de suivre ma progression, et surtout, le soir, de rapidement me replonger là où j’en étais sans avoir a relire systématique le ou les chapitres précédents. Un simple coup d’œil à la dernière scène me permet de resituer l’action. Les notes pour la scène à venir de déclencher mes idées et mon inspiration. Et en cas de besoin pour la cohérence, je peux juste retourner en arrière dans mon tableau pour vérifier vite fait un point ou un autre.
- Les fiches de personnages => Ma bible. Elles me permettent de replonger en un clin d’œil dans la psychologie des protagonistes, de me remémorer leurs petites manies, leurs signes caractéristiques, leur physique, leur accoutrement, etc…
- Le synopsis complet => Si j’ai été obligé d’arrêter l’écriture pour un petit moment, il me permet de me rafraîchir la mémoire sur l’atmosphère, et couplé au plan, de repartir au plus vite sans nécessairement devoir relire tout ce qui est déjà couché sur papier.
La beauté de la chose
Pour moi l’intérêt est de pouvoir travailler, et surtout progresser un peu chaque jour aussi bien pendant la conception (une phrase par ci, un paragraphe par-là, une fiche de personnage à la fois…) que pendant l’écriture (écriture scène par scène et suivi avec le plan). C’est bien plus motivant quand on visualise sa progression sur un cadran plutôt que d’être dans le flou total, et la segmentation se prête à « optimiser » mon temps voué à l’écriture. (Encore une fois, si j’étais écrivain à temps plein, où pouvais mener un projet d’une traite, il serait peu probable que j’agisse de même).
Et la durée dans tout ça ?
Tous les temps (en bleu) sont purement indicatifs, et surtout une limite supérieure à ne pas dépasser. Je pars du principe que 1j = 7h et 1s = 35h (mais n’allez pas vous imaginer qu’écrivain est un boulot de bureau relax.) Il va de soi que la première fois on prend plus son temps, on cherche ses marques. Par la suite on avance plus vite.
À l’heure actuelle, je tourne à un peu moins de 100h pour achever le plan. Mais structurer augmente ma cadence d’écriture de l’ordre de 33%, donc pour vous donner un ordre d’idée, je me suis rendu compte que jusqu’à 300 000 signes l’investissement n’en valait pas forcément la chandelle. À 300 000 cela s’équilibre (avec le bénéfice ajouté d’une bien meilleure cohérence) au-delà de 300 000 c’est tout bénéfice… pour « Forfait illimité* » et « Marqueur 26 » c’est par exemple 75-100 h de gagnées, et cela juste pour le premier jet… parce qu’en générale la première réécriture est elle aussi grandement réduite.
Et après ? (ou avant, ou même pendant)
Cette série d’articles ne couvrait volontairement que la conception scénaristique. Ce n’est pas suffisant pour écrire un livre bien sûr, mais c’est une grosse partie. D’autres points capitaux mériteraient d’autres séries, qui sait, je m’y pencherai peut-être…
Les recherches :
Quelles soient quasi nulles (vous maîtrisez déjà le sujet), partielles (juste besoin de vérifier des dates, lieux, architectures, etc…), ou longues et fastidieuses (vous devez apprendre un sujet complexe), décidera si vous devrez les entreprendre avant, pendant ou après la phase de conception.
L’écriture :
Les problèmes de genre, styles, syntaxes, vocabulaire, grammaires, lourdeur des phrases, etc… c’est définitivement la phase suivant la conception.
L’édition :
La préparation de votre « dossier », la prospection des éditeurs, c’est aussi après la conception et après l’écriture. Ne cherchez pas un éditeur avec un produit qui n’est pas à 110% fini. À noter que votre synopsis court, avec un petit travail de réécriture pour le passer en bon français, sera parfait pour le « synopsis » parfois demandé par certains éditeurs. Lire la suite de cet article »
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