Mon encrier est vide
Textes à voix 21 octobre 2010Note
Les « textes à voix » comme leur nom l’indique, trouvent toute leur valeur lorsqu’ils sont parlés, et donc écoutés. Les liaisons, les élisions et leur rythme en général risquent de ne pas être retranscrits correctement par une simple lecture. C’est sans doute paradoxal pour un texte écrit, mais c’est aussi ce qui fait toute la force de la tradition orale et contée.
Description
Un peu spécial, il s’agit d’un texte où je m’étais imposé une règle : Chaque nouveau vers reprend la dernière syllabe du vers précédent, les rimes sont donc sortantes/entrantes.
Mon encrier est vide et j’ai le vague à l’âme
Amertume du temps qui passe, je crois bien que c’est ça le drame.
Amerrissage brutal de mon esprit en eaux troubles
Oubli des atouts sociaux qui me fait voir le mal en double.
Oubliettes sombres des recoins de ma pensée
Sépulture et amertume sont tout ce qui me vient à l’idée.
Désespoir du mal qui m’entoure de son voile noir,
Noirceur profonde du JT de ce soir.
Soirée morne des reflets de notre société
Télévisée où les horreurs du monde aseptisées
S’étalent en acte final de notre journée.
Nécessaire halte avant de pouvoir se plonger
Gérant nos friandises devant une série télé
Légalisant la lobotomie générale de la population
Sioniste ou pas, quelque soit la religion.
On dit que la nuit tous les chats sont gris,
Grièvement, j’ajouterais que tous les téléspectateurs sont pris.
Prisonniers et que plus rien ne les attend,
Tandis qu’ils se bâfrent, sourds aux cris distants.
Tango lointain de ceux qui n’ont plus rien
Indécis devrais-je m’en laver les mains
Maintenant ou bien prendre les devants
Vandaliser les préceptes de notre temps.
Tant-pis si cela me revêt d’une étiquette de militant,
Tant-pis si je vous apparais subitement d’un autre camp.
Cambrer les reins pour se propulser du canapé,
Pétrifié par l’horreur vais-je enfin me révolter ?
Témoin amer de notre monde d’illusions,
Honteux de l’oblique tangente que nous prenons.
Nonobstant force est de me remémorer,
Réaliser qu’aux créneaux je ne peux pas monter.
Terrorisé que je suis par les foules joviales,
Aller saisir ma plume et écrire : c’est ça mon geste social.
À l’aise avec les mots bien plus qu’avec les hommes,
Homéopathe du vers et docteur de la rime.
Mais ce soir malheureusement mon encrier est vide
Hideux moment d’angoisse où je deviens lucide.
Identifiant sans peine que pour ne pas perdre la raison,
Onze millilitres d’encre se remplacent facilement par un crayon.
Rayon d’espoir à cette idée très méritante;
Terrible déception : tous mes crayons réclament de l’encre.
Revirement de situation déplaisant s’il n’en fut,
Furax, je craque et patraque je laisse couler le flux.
Luxuriant liquide lacrymal je me mets à pleurer,
Raisonne alors l’espoir lorsque j’ai rempli mon encrier.
Était-ce donc là le secret : le remplir de larmes ?
Maintenant mon encrier est plein, il fallait juste le recharger d’âme
Ah ben voila, la voix est parfaite, en accord parfait avec le texte. Tres bon comme d’habitude…
😳
je suis d’accord avec Caribou, le texte et la voix sont en harmonie. J’aime
C’est parfait en effet!
Bon, un peu tristounet c’est certain mais ce n’est pas ton genre de faire des trucs tout en rose, pas vrai ? 😀
j’avoue que les slams se tournent un peu sur la société… Et je ne suis pas hyper optimiste sur ce sujet 😐
J’ai des textes plus rigolos, mais pas enregistrés 😛